Les aventures de Mzungu Dollar

Une esthétique tropicale de l'utilité sociale

20 décembre 2006

Paris froidement pensé

Je crois que je suis toute pourrie et le froid continue à me mordre les doigts avec constance c'est un chien enragé. Et puis j'ai très très peur j'ai inventé une théorie désespérante selon laquelle la formulation individuelle du bonheur n'a rien à voir avec nos désirs mais uniquement avec notre instinct de survie. Selon cette puissante théorie, où que tu mettes un être humain, il fera en sorte d'y trouver du bonheur sinon la vie est invivable. Le problème c'est quand tu passes le même être humain d'un endroit à l'autre. Obligé de reformuler sa conception du bonheur, de la réadapter à son environnement, il voit bien l'artifice, que ça n'a rien à voir avec toutes ces conneries du Moi profond, de la Réalisation de soi en Super Individu.

Un exemple au hasard : Super Individu, tu le mets sur le pavé parisien, il déteste ça. Mais au fur et à mesure, il s'habitue et il parvient même à se convaincre qu'il aime bien, il s'y trouve des ambitions à la mesure de sa petite vie (ne la jugeons pas). Les trottoirs deviennent des falaises où on chope le vertige, Paris-Plage un océan. On finit par attraper des ambitions comme ailleurs des dérangements intestinaux. Des ambitions vénériennes de salon parisien. Avec des gens très très bien qui parlent de philosophie. Par exemple. Où de n'importe quoi de cliquant. Attention, hein, je ne critique pas. C'est bien. C'est bien mais c'est désespérant. Puisque mon cerveau sait ce qu'il fait je sais pas comment mais j'aimerais suivre débusquer tous les courts-circuits émotionnels qu'il provoque pour en arriver à ce résultat, te faire aimer la merde que les circonstances mettent sur la table.

A Paris, Mzungu Dollar fait des variations sur la Théorie des climats et boit trop le soir.

12 décembre 2006

J - 4 : Diamonds may NOT be forever

La Nouvelle économie politique appariée à mon statut aurait dû de facto entraîner l'élaboration d'un solide plan quinquénal. Mais Gloire à Mungu (Dieu en swahili, à ne pas confondre avec mzungu, le Blanc, les colonies c'est fini) Glory to God qui nous tient tous à sa merci dans sa main fatale, mon destin devrait continuer à se jouer aux dés sur des périodes de 15 jours. Le contraire m'eût sans doute perturbée ; tout va donc pour le mieux dans le meilleur des eldorados possibles, je rentre en France sans savoir encore à quelle sauce professionnelle je serai mangée en janvier.

Regrettable, moi qui commençais à m'intégrer à tous égards. Capable enfin d'appeler mon chauffeur sans culpabiliser parce qu'il aurait sans doute mieux à faire, un dimanche matin, que balader Mzungu French Doll dans les hotels de luxe. Au fait du taux des pourboires, du prix maximum d'une paire de sandales (12 000 shillings, au-delà c'est du vol, même si le vendeur vous explique un peu hautain que les semelles sont en caoutchouc waterproof). Moi qui bois du Fanta Pineapple avec du popcorn dans un township tout un après-midi pour l'anniversaire de la fille de ma maid. Sans compter la vie sexuelle des lodgesTM.

Retrouver Paris (comme dirait mais comment s'appelle-t-il déjà, ce grand écrivain des Abbesses... Nicolas Rey, voilà : « Paris : une ville
magnifique. » (Courir à 30 ans, p. 1, d'après mémoire). Y rester, on ne sait toujours pas encore parce qu'ici, les certitudes c'est anytime from now, maybe, keisho ou badai. Un jour, plus tard, demain. Pole pole. Patientez ça vous fera pas de mal.

Je suis patience ongle incarné.

À dimanche.

04 décembre 2006

La vie sexuelle des lodges

Je n'en parlerai toujours pas, qu'est-ce que vous croyez, de la vie sexuelle des lodges, mais l'enquête est sur de très bons rails, c'est tout ce que m'autorise mon code de déontologie.

Je peux par contre m'étendre sans risques sur le beaujolais 2006. Le beaujolais 2006, aussi médiocre que le 2005 que je n'avais pas goûté car jamais sinon en zone équatoriale il ne me serait venu à l'idée de célébrer l'embouteillage de cette piquette franco-australe, le beaujolais 2006, donc (pourquoi pas Beaujolais avec une capitale, allez, ne soyons pas mesquine) s'est accompagné d'un inoubliable spectacle de mime. C'était vraiment très drôle. Par exemple, le mime disait « sarkozy » (en bas-de-casse, parce que c'est plus un nom, c'est un concept) et ça faisait rire tout le monde. Comme une sorte de gimmick, « sarkozy », même au New Arusha Hotel, Arusha, Tanzanie. Ce mime parlait d'ailleurs beaucoup, ce qui n'était pas la moindre de ses qualités.

Vous dire comme on s'est bien marré.

Moi par exemple, les yeux rivés sur l'enceinte géante qui m'obstruait à dessein le champ de vision, j'en pouvais plus de m'esclaffer dans mon ballon de beaujolpif tiédissant, rotant joyeusement mes relents de Brillat-Savarin et autre sauciflard tranché véhiculé (avec une subvention de l'AFAA ?) dans la soute d'un avion à l'aller plein de fleurs coupées (on dira, dans les Grands Lacs, hein, vaut mieux qu'ils échangent des fleurs contre du camembert que des perches du Nil contre des Lee-Enfield et des Mauser. Ils auront pas moins faim mais ça les tuera pas. Pourquoi pas. Pourquoi pas. Je crawle en plein relativisme moral ces temps-ci, je vais pas non plus me formaliser pour trois bouts de fromage que j'ai d'ailleurs mangé avec plaisir). Non, mais y'a pas à dire, la culture française, « la culture française... » comme m'a dit ce jeune Flamand qui m'a fait beaucoup rire (j'ai vraiment beaucoup ri) .

La culture française. Ç'aurait dû être l'intitulé de cette entrée. Mais l'utilitarisme éditorial aura encore frappé.